Le stress, ennemi public n°1 ?

24/01/2024

Le Stress : Une Réponse innée cruciale pour la Survie

Le stress est une réponse innée et adaptative de notre corps face aux défis de la vie quotidienne. Cette réaction primaire de notre organisme est prévue pour nous permettre de faire face rapidement aux menaces potentielles de notre environnement, jouant un rôle vital dans notre survie. Lorsque nous sommes confrontés à une situation stressante, notre corps active ce qu'on appelle la réponse « lutte ou fuite », libérant de l'adrénaline pour la réaction immédiate et du cortisol pour maintenir l'énergie à long terme en mobilisant les réserves de glucose. Ce processus était essentiel à l'époque où nos ancêtres devaient réagir rapidement pour échapper à un prédateur ou chasser une proie.

Dans le contexte de nos vies modernes, cette réaction peut être déclenchée par divers facteurs, souvent moins liés à des menaces physiques immédiates. Les pressions professionnelles, les préoccupations financières, ou même les relations interpersonnelles tendues peuvent déclencher cette réponse de lutte ou fuite, plaçant notre corps en mode survie.

Cette activation constante de la réponse au stress a des retombées importantes sur notre organisme et notre bien-être. En comprenant que le stress est une réaction primitive conçue pour nous protéger, nous pouvons mieux appréhender pourquoi il peut être difficile de gérer ses effets dans le contexte de nos vies modernes. 


Sous l'Empire de l'Adrénaline 

Lorsque nous faisons face au stress, notre corps réagit en libérant de l'adrénaline, une hormone qui prépare l'organisme à réagir rapidement. Ce processus stimule une augmentation de la demande en glucose, fournissant ainsi une source d'énergie immédiate pour faire face à la situation stressante. Cela explique souvent le besoin intense de consommer des aliments sucrés pendant des périodes de stress, car le glucose est rapidement mobilisé par notre organisme. 

Dans le contexte d'un stress chronique, cette réponse constante a des conséquences néfastes. En utilisant le glucose comme carburant rapide, le corps perd sa capacité a bruler les graisses. L'augmentation de la glycémie due à la consommation de sucre contribue à la création d'une inflammation chronique. Les niveaux élevés d'inflammation sont problématiques car le corps a du mal à gérer une réaction inflammatoire constante. Cela va épuiser le système immunitaire, entraîner une résistance à l'insuline et contribuer au développement de divers problèmes de santé liés à l'inflammation. 


Le Cortisol : son impact sur le corps

Le cortisol agit comme une réponse adaptative du corps face à une menace perçue.  Son objectif principal est de mobiliser l'énergie nécessaire et maintenir un approvisionnement continu, pour faire face à la situation stressante, en particulier en fournissant du glucose pour alimenter rapidement les muscles et le cerveau. Pour atteindre cet objectif, le cortisol utilise différentes voies métaboliques :

- Décomposition du Glycogène : Le cortisol favorise la décomposition des réserves de glycogène dans le foie en glucose.  Le glycogène est une forme de stockage du glucose, principalement trouvé dans le foie et les muscles. Lorsque le cortisol favorise la décomposition du glycogène, il libère du glucose dans le sang. Cela permet d'augmenter la disponibilité immédiate de glucose pour fournir une source rapide d'énergie aux cellules (muscles et au cerveau), pendant des situations de stress. En libérant le glucose stocké sous forme de glycogène, le corps peut réagir rapidement et efficacement pour répondre aux exigences énergétiques accrues liées au stress.

Stimulation de la Gluconéogenèse : La gluconéogenèse est un processus métabolique par lequel le corps produit du glucose à partir de sources non glucidiques, telles que les protéines et les acides aminés. Le cortisol stimule la gluconéogenèse pour générer du glucose supplémentaire. Pendant le stress, cette voie métabolique permet d'assurer un approvisionnement continu en glucose, car il est crucial pour maintenir les fonctions cellulaires essentielles. En convertissant les protéines et les acides aminés en glucose, le cortisol s'assure que le corps dispose de suffisamment d'énergie pour faire face à la situation stressante.

- Favorisation de la Lipolyse : La lipolyse est le processus de dégradation des lipides ou graisses en acides gras et glycérol. Sous l'influence du cortisol, la lipolyse est favorisée, libérant des acides gras et de la glycérol dans la circulation sanguine. Ces acides gras sont ensuite utilisés comme source d'énergie par différentes cellules du corps. En situation de stress aigu, le cortisol assure un approvisionnement continu en énergie en libérant les réserves de graisse. Cependant, cette libération constante d'acides gras peut avoir des implications sur la composition corporelle, favorisant potentiellement le stockage des graisses, en particulier autour de la région abdominale, lors de stress chronique. 


Ces processus permettent d'augmenter la disponibilité de glucose dans le sang pour fournir de l'énergie aux cellules, en particulier dans des situations de stress où une réponse immédiate est nécessaire.  Cela se fait en ralentissant certains processus métaboliques non essentiels.

Cependant, une exposition prolongée au stress entraîne une libération constante de cortisol, générant des effets néfastes. En effet, des niveaux élevés de cortisol sur une période prolongée ralentissent le métabolisme, ce qui signifie notamment que le corps brûle moins de calories au repos, Cela rend plus difficile la gestion du poids, même avec une alimentation équilibrée et de l'exercice. Le corps, dans sa perception du stress prolongé, "pense" qu'il pourrait être confronté à des périodes de pénurie alimentaire ou à des besoins énergétiques accrus. Pour faire face à cette éventualité, il adopte des stratégies de survie, dont l'une est de stocker des graisses. Les graisses sont une forme de réserve d'énergie à long terme, et le corps, en période de stress prolongé, va privilégier le stockage des graisses pour s'assurer qu'il dispose d'une source d'énergie en cas de besoin futur. 

Ainsi, bien que le cortisol soit essentiel pour la réponse au stress à court terme, son impact prolongé a des conséquences négatives sur le métabolisme et le poids corporel. 

Le cortisol  va également détourner l'énergie nécessaire aux fonctions immunitaires. En d'autres termes, l'énergie est réallouée vers les systèmes du corps qui sont considérés comme plus essentiels pour faire face à la situation de stress immédiate, au détriment du système immunitaire. Cette suppression du système immunitaire pendant des périodes prolongées de stress affaiblit les défenses naturelles du corps, le rendant plus vulnérable aux infections et aux maladies. 

Le cortisol entraine également une baisse du taux de mélatonine. Le système nerveux primitif, initialement adapté à des menaces physiques immédiates, peut vite devenir un fardeau dans notre monde moderne, entraînant un sommeil moins profond en préparation à une éventuelle fuite. Le corps est en mode survie même la nuit. 

Le stress chronique n'est donc pas simplement une perturbation émotionnelle, mais un facteur qui contribue à des changements significatifs dans le corps, y compris des fluctuations de poids et des altérations métaboliques. 


Aborder le stress de manière proactive, avec des techniques de gestion telles que la méditation, la respiration profonde et l'activité physique, devient essentiel pour rétablir l'équilibre dans notre corps et minimiser ses impacts négatifs, y compris sur le poids et le métabolisme. En prenant soin de notre bien-être mental, nous équilibrons notre système hormonal, favorisons un métabolisme sain et renforçons notre système immunitaire, contribuant ainsi à une santé optimale.